
La ville de Rome compte pas loin de 900 églises dont certaines sont des lieux universellement connus, comme les quatre Basiliques Majeures de Saint Pierre, Saint Jean de Latran, Saint Paul hors les Murs et Sainte Marie Majeure, mais de nombreuses autres églises romaines demeurent assez méconnues alors qu’elles renferment des trésors artistiques inestimables. À ce titre, les Basiliques Santa Prassede et Santa Pudenziana (Sainte Praxede et Sainte Pudencienne), bien que situées à deux pas de la Gare de Termini, des Termes de Dioclétien et de Sainte Marie Majeure, restent assez largement ignorées du commun des touristes, et même de beaucoup de romains. Et pourtant, Santa Prassede et Santa Pudenziana abritent à elles deux ce qui est peut-être la plus incroyable et la plus belle collection de mosaïques paléochrétiennes et byzantines de Rome !
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L’histoire et la légende des filles du sénateur Pudens

Au premier siècle de notre ère il semblerait qu’un sénateur romain du nom de Pudens ait établi un Titulus (une église archaïque) dans sa demeure située en plein cœur de la capitale de l’Empire. Le sénateur Pudens, qui aurait hébergé Saint Pierre brièvement lors de son arrivée à Rome, aurait eu deux filles, elles aussi dévouées à la cause de cette nouvelle foi en expansion : Pudencienne et Praxède.
Les deux filles du sénateur Pudens ont été faites Saintes, comme la plupart des membres de leur famille, notamment pour s’être occupé de recueillir les dépouilles des martyrs chrétiens de Rome et les avoir lavées avant de leur donner une sépulture digne dans les catacombes de la ville. Les deux sœurs ont donné leur nom à deux basiliques construites au 5ème siècle pour Santa Pudenziana (peut-être la plus vielle basilique de Rome, construite sur le site supposé du Titulus de Pudens évoqué plus haut) et au 9ème siècle pour Santa Prassede, au début du Pontificat du Pape Pascal 1er qui y fit également construire la fabuleuse Chapelle Saint Zénon dédiée à sa mère Théodora.
La réalité historique du récit est difficile a corroborer en totalité du fait des sources anciennes et rares. Il se pourrait qu’il y ait eu deux Pudens, tous deux faits Saints, le premier qui aurait accueilli Saint Pierre dans son Titulus au 1er siècle et le second, son fils ou son neveu ayant occupé les mêmes lieux au 2ème siècle, et qui serait le père ou l’oncle des deux sœurs Praxède et Pudentienne,
Santa Pudenziana, l’une des plus anciennes églises de Rome

Au deuxième siècle des Thermes prirent la place de la demeure présumée du sénateur Pudens ; là où Saint Pierre fut accueilli au siècle précédent. Ce n’est qu’à la fin du quatrième siècle qu’une église primitive pris place au sein des thermes avant de devenir une église à part entière à la fin du 5ème siècle, ce qui en fait l’une des plus anciennes de Rome.
L’église, devenue basilique, fut modifiée à plusieurs occasions, notamment au 12ème siècle avec l’adjonction d’un campanile, puis au 19ème siècle avec la réfection de la façade et de l’intérieur à la mode baroque. Malgré ces modifications, l’ancienneté de la Basilique Santa Pudenziana est encore visible à l’intérieur grâce aux colonnes de briques typiques des constructions romaines qui apparaissent malgré le parement baroque, et par le fait que l’accès de l’église se fait en contrebas de la rue actuelle, indiquant par là même où se trouvait le niveau de la rue antique.

La décoration de l’ensemble est sobre, agrémentée notamment d’un tableau présentant les deux filles de Pudens nettoyant le corps de martyrs chrétiens, mais les mosaïques spectaculaires de la fin du 4ème siècle (!!!) éblouissent par la lumière qui s’en dégage et leurs couleurs chatoyantes, faisant de cette petite église si discrète une étape incontournable.
La Basilique Santa Prassede et la Chapelle Saint Zénon

Bâtie au tout début du 9ème siècle, entre 817 et 822, la Basilique Sainte Praxède est un joyaux de l’art byzantin, qui fut pendant longtemps un lieu de dévotion majeur consacré aux martyrs chrétiens des premiers siècles.

En effet, le Pape Pascal 1er fit déposer dans la crypte de Santa Prassede les restes de plus de 2300 martyrs chrétiens exhumés des catacombes romaines de la Via Appia Antica, et l’église abrite également un morceau présumé de la colonne où fut flagellé le Christ.
C’est le même Pascal 1er qui fit édifier la Chapelle Saint Zénon pour sa mère Théodora; un bijou d’art byzantin constellé de mosaïques d’une immense finesse, représentant aussi bien Théodora entourée de deux Saintes (les sœurs Praxède et Pudentienne?), qu’une voûte décorée d’un christ entouré de quatre anges.

Bien évidemment il ne faudrait pas négliger le décor en mosaïque, époustouflant, de l’abside de Santa Prassede représentant les élus guidés chacun par un Ange vers la Jérusalem céleste, là où les attends le Christ entouré des vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse; une œuvre probablement unique à Rome, à inscrire d’urgence sur votre carnet de voyage !

Carte du quartier de Sainte Marie Majeure – le plus beau parcours « mosaïques » de Rome